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Ainsi à cette époque apparaissent les premiers « types », spécimens uniques ayant servi à la première description d’une espèce nouvellement découverte. Puis, au début du XXe siècle, héritée du principe évolutionniste darwinien, naît la systématique, la science de classification des formes vivantes. Les sciences de la vie comme les sciences de la matière, s’attachant à tout étudier, verront grandir des collections des plus complètes. Les sciences humaines, dans leur souci d’engendrer une compréhension des diverses cultures et sociétés, contemporaines ou passées, n’auront pas cette obsession de l’exhaustivité. Car dans ce qui est collecté, indépendamment du Beau, les objets les plus simples donnent à penser. « Une boîte de conserve, par exemple, caractérise mieux nos sociétés que le bijou le plus somptueux ou que le timbre le plus rare. Il ne faut donc pas craindre de recueillir les choses même les plus humbles et les plus méprisées […] En fouillant un tas d’ordures, on peut reconstituer toute la vie d’une société. »*

Cependant, même si les pratiques entre sciences exactes et sciences humaines diffèrent, les collections qu’elles engendrent ont toutes pour but d’observer, d’étudier et de comprendre le monde qui nous entoure. Aujourd’hui encore la recherche universitaire menant aux nouveaux savoirs s’appuie sur une collecte de données et d’objets, telles les bases de données stellaires ou de séquençage du génome humain.

* Michel Leiris, Instructions sommaires pour les collecteurs d’objets ethnographiques, brochure rédigée en mai 1931.


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